T’as où les taxes ?

Envisager la mise en place d’aides financières ciblées pour plus de justice sociale et une amélioration du pouvoir d’achat.

Après plusieurs mandats marqués par une politique frileuse en matière d’investissements, la commune de Fully s’emploie enfin à rattraper son retard.

En effet, le vieillissement des infrastructures et la forte augmentation démographique sur la commune nécessitent d’importants travaux. Citons notamment la rénovation globale du réseau d’eau, aussi appelée «Projet Ribi». Des investissements incontournables pour maintenir le bon fonctionnement de la commune. Des investissements qui ont un coût, mais après des années de disette, la santé financière de la commune permet ces dépenses. Selon la loi, les Services Industriels doivent être auto-financés. La rénovation du réseau d’eau passe donc obligatoirement par une augmentation de la taxe sur l’eau. Celles-ci ont déjà été augmentées progressivement ces dernières années en prévision du projet. Une augmentation supplémentaire reste néanmoins nécessaire pour les prochaines années.

Dans un contexte déjà marqué par des salaires qui stagnent et un coût de la vie qui augmente (inflation, primes maladies, etc…) une hausse des taxes inquiète le conseil général.

Face à cette situation, le PLR a proposé d’abaisser le coefficient d’impôt. Le Mise s’est opposé à cette mesure pour deux raisons. Une baisse du taux d’imposition bénéficie d’avantage aux ménages ayant un revenu élevé. Ceux-ci payent plus d’impôt et obtiendraient donc une plus grosse réduction que les ménages à revenu modéré. Les ménages qui n’ont pas les moyens de payer des impôts ou qui en payent peu, n’auraient reçu qu’une réduction minime. Les personnes les plus impactées par une hausse des taxes n’auraient donc pas été soulagées.

De plus, la commune se serait vue privée d’une part de ses recettes fiscales. Celles-ci sont pourtant la première source de financement de Fully.

Soucieuse de proposer une alternative à la proposition du PLR, j’ai déposé un postulat au nom du Mise lors du plénum de mars 2024. Ce postulat intitulé «Soutien face à la hausse des taxes» demandait de faire un point sur la situation socio-économique de la population fullyraine.

Afin de mettre en place des mesures d’aide ciblées, il est nécessaire d’établir quels groupes de personnes sont en situation de précarité ou risquent de le devenir. Il faut comprendre leurs besoins et comment atteindre ces personnes.

La commune de Fully propose déjà des aides, mais les personnes concernées n’en sont pas forcément informées.

Ce postulat aurait permis de clarifier les mesures d’aides proposées à Fully, une meilleure communication de celles-ci et de combler les lacunes du dispositif actuel. La volonté de ce postulat était de mettre en place, selon les besoins, des mesures d’aides ciblées et raisonnables.

Le Mise tient à ce que celles et ceux qui ont de la peine à boucler leurs fins de mois puissent malgré tout maintenir un équilibre financier viable. Renoncer à des soins médicaux, à une séparation ou à une formation par manque d’argent, peut mener à des drames et fini généralement par engendrer des coûts d’autant plus élevés pour la société.

D’autre part, des mesures ciblées pourraient permettre aux ménages à faibles revenus de pouvoir tout de même s’autoriser par exemple une sortie au restaurant, un spectacle ou l’achat de produits alimentaires de meilleure qualité. Lutter contre la baisse du pouvoir d’achat de la classe moyenne et des ménages modestes favorise aussi l’économie régionale.

Malheureusement, et ce malgré le vote favorable du PLR, ce postulat de soutien face à la hausse des taxes a été refusé. Le Centre, oubliant ses valeurs de solidarité chrétienne et de défense des familles, a sèchement rejeté ce postulat pourtant mesuré et pragmatique. Le parti s’était également opposé à la proposition de baisse du coefficient d’impôt du PLR, la qualifiant de «promesse frauduleuse».

Une réaction prudente?

Plutôt une marque d’immobilisme de la part du parti majoritaire à Fully. Dans tous les cas, une occasion manquée pour les habitants…

Julie Günther, 2024