Camille Carron, ancien conseiller communal MISE à Fully et député au Grand Conseil, témoigne de son expérience et remet la question des terres agricoles en perspective.

Rhône3-ces si chères terres agricolesPour la sécurité alimentaire de la Suisse, il est juste de se préoccuper de la disparition des terres nourricières. Mais peut-être faut-il investir toute son énergie là où elles sont vraiment en danger.

Pendant 12 ans, j’ai fonctionné comme conseiller communal à Fully, dont 4 avec la responsabilité du plan de zones. Sur tous les tons j’ai entendu dans les assemblées publiques, parfois de manière agressive et irrespectueuse, des interventions pour dire à quel point il fallait que la 3ème correction du Rhône ménage les terres agricoles.

Dans le cadre du plan de zones, il y a eu des séances d’information, une mise en consultation, deux mises à l’enquête publique, des dizaines de demi-journées ouvertes pour la consultation des plans et règlements. Pas une seule fois je n’ai entendu un agriculteur de la plaine ni aucun membre de l’ADSA ou de la Chambre valaisanne d’agriculture demander qu’on ménage les terres agricoles. Au contraire, j’ai vu la majorité des personnes qui étaient intervenues en public contre Rhône 3 solliciter qu’on mette leurs parcelles, parfois parmi les plus fertiles de la plaine, en zone à bâtir.

Et pourtant, chaque 18 mois on fait disparaître en Valais sous le goudron, le béton, le gazon et les thuyas l’équivalent de toute la surface agricole nécessaire à Rhône 3 pendant 20 ans et plus pour sécuriser les 100’000 habitants de la plaine et les plus de 1’100 ha de terrains à bâtir situés en zone rouge. Pour protéger aussi contre les inondations les plus belles parcelles agricoles du canton.

Camille Carron,
ancien conseiller communal et député