L’eau est source de vie, de bien-être et d’énergie, mais parfois aussi de gros soucis lors d’intempéries, inondations, glissements de terrain ou de sécheresse. Grâce aux sources, aux torrents et au Rhône, elle est présente en abondance à Fully. Il a fallu apprendre à la maîtriser pour l’amener là où nous en avons besoin et à nous protéger contre sa puissance.
Aujourd’hui, en plus de la disponibilité, c’est aussi la qualité de l’eau qui nous préoccupe.
En 2017, les Forces Motrices de Fully ont installé trois micro turbines sur l’ancienne conduite forcée, assurant une production d’énergie durable. A l’avenir, cette eau de qualité venant du grand lac pourra aussi être utilisée comme eau potable, permettant ainsi l’autonomie de la Commune en eau.
Nous ne sommes pas toujours conscients de l’infrastructure nécessaire pour faire couler de l’eau bien fraîche et potable dans notre cuisine. Notre territoire communal est parcouru par un dédale de tuyaux souterrains reliant plusieurs réservoirs qui sont alimentés par des puits de pompage, des captages de sources ou l’eau du lac de Sorniot. La Commune va investir dans les années à venir 19 millions de francs pour rénover le réseau d’eau potable et les réservoirs. La technologie nous fait miroiter des possibilités de traitement de l’eau assurant sa qualité potable avec notamment la microfiltration.
Les analyses nous montrent que notre eau est de plus en plus polluée par de nombreux agents chimiques d’origines diverses (industrielle, agricole, domestique et accidentelle) issus de notre mode de vie passé ou actuel.

Ne serait-il pas plus sage de préserver la qualité de l’eau en amont avant de devoir investir dans des installations de filtration et d’épuration coûteuses ? Une bonne gestion dès la source est capitale pour notre santé et celle de l’environnement, elle concerne tous les êtres vivants. Les pesticides sont actuellement pointés du doigt car leur utilisation s’est généralisée. Et qu’en est-il des micropolluants issus des médicaments et autres produits de synthèse qui nous environnent chaque jour ?
Il n’y a pas que les pratiques agricoles à modifier, mais également nos gestes quotidiens : diminuer la consommation d’eau, éviter de jeter les déchets dans les toilettes, récupérer l’eau de pluie pour l’arrosage des plantes, se passer de pesticides de synthèse, renoncer à l’achat de produits contenant des micropolluants (alimentation, cosmétiques, produits de nettoyage, emballages…), etc.
Certains gestes sont simples et d’autres demandent plus d’efforts. C’est dans la rareté et le besoin que l’on prend conscience de la valeur d’une ressource.
Au-delà des gestes personnels, comment agir au niveau communal pour préserver cette ressource capitale ? C’est la question que je me pose et même si mon engagement n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, j’aimerais m’investir avec la population pour la nature, dans une vision à long terme.
Outre les travaux de rénovation du réseau d’eau prévus par la Commune, quelles actions pourrait-on envisager ?
Des documents d’information destinés aux privés ou aux professionnels pourraient être élaborés en vue de sensibiliser la population sur l’impact des substances nocives, à la problématique de la séparation des eaux, aux possibilités de valorisation de l’eau de pluie, au fonctionnement des différents réseaux, etc.
En effet, une meilleure compréhension et des informations claires et vulgarisées inciteraient les citoyens et les entreprises à adopter des gestes quotidiens ne prétéritant pas cette ressource importante qui doit absolument être préservée, même si à Fully elle ne semble pas manquer pour l’instant.
De plus, toutes les mesures prises en faveur de la biodiversité et pour la préservation de l’environnement sont indirectement favorables à la qualité de l’eau. En effet, une faune et une flore équilibrée, ainsi qu’un sol sain et vivant, agissent comme des filtres biologiques très efficaces contre les nombreux agents polluants qui nous entourent. A Fully, plusieurs actions dans ce sens sont déjà en cours ou pourraient être réalisées, comme la plantation de haies indigènes, la diversification des cultures, la création de corridors écologiques, le réaménagement des berges du canal, le soutien à l’agriculture biologique, le développement de la mobilité douce, etc.
Au début vient la prise de conscience, puis les phases de remise en question, suivies de prises de décisions, pour aboutir au passage à des actions respectueuses de la nature. C’est une cascade d’actes constructifs qui préservent notre terroir et, par la même occasion, la santé et le bien-être, pour nous et les générations futures.
Madeleine Carron-Müller