Nous avons beaucoup de chance à Fully : les familles originaires de la région sont très soudées et aucune d’entre elles ne laisse ses anciens seuls et désarmés. Néanmoins la commune a beaucoup grandi ces dernières décennies et la structure sociale avec elle. De nombreux « étrangers du dehors » sont venus s’y installer : vaudois, jurassiens, genevois, d’un pays limitrophe ou lointain. Venus loger à Fully pour leur travail, ils y sont restés. Plus tard, à la retraite, rendre visite à sa famille à quelques heures de Fully est un plaisant voyage d’agrément. A Fully même, le Club des Aînés contribue magnifiquement à maintenir des relations sociales agréables et ludiques.
Tout va bien, jusqu’à ce que soudain, la santé s’altère, la mobilité se réduise et que la complexité des démarches administratives devienne de plus en plus insurmontable. La famille, trop éloignée, ne peut rien. Alors ces Solitaires « disparaissent » de la vie sociale. Cette situation m’interpelle et m’attriste. Comme ces solitaires, je suis moi-même sans famille à Fully et il est probable qu’un jour je vais devoir aller en EMS. L’EMS en soi est une excellente chose, mais ce qui m’angoisse – oui, c’est le mot – c’est de me retrouver seule, sans défense, confinée à l’intérieur d’une structure et à la merci de son système. Vous qui avez mis une énergie incroyable à contourner les règles du confinement dû au coronavirus, vous avez développé des trésors d’ingéniosité pour ne pas devoir rester confiné chez vous. Alors vous comprendrez certainement de quoi je parle. Pour une personne âgée et seule, être en EMS, c’est comme être confinée. Et, confiné pour confiné, autant l’être chez soi. Non ?
Dans de telles situations, une structure administrative et sociale adaptée devrait accompagner ces personnes tout au long du chemin. Suivre les personnes seules, leur apporter assistance et de la socialisation doit faire partie intégrante des activités officielles d’une commune. Plusieurs communes valaisannes ont d’ailleurs mis en place différentes structures dans ce sens. Il ne tient qu’à nous de choisir la mieux adaptée aux besoins de nos propres habitants. N’êtes-vous pas d’accord ?
Brigitte Seydoux, juillet 2020