Troisième correction du Rhône: aller de l’avant !

Il y a beaucoup d’eau qui coule sous les ponts du Rhône, beaucoup d’encre aussi, assurément trop! La 3e correction du Rhône (R3) divague dans la plaine entre projets et contre-projets, expertises et contre-expertises, alternatives et variantes… Dans ce domaine, chaque citoyen, chaque politicien, se sent un peu ingénieur et propose sa solution incontestable.

Fully, secteur prioritaire sur la liste du projet R3 à cause de l’importance des dégâts potentiels, ne voit toujours rien se concrétiser. Le Canton était pourtant prêt en 2008 à mettre à l’enquête une mesure prioritaire comme celle qui est en train de se réaliser à Viège. La sécurisation totale de la plaine fulliéraine serait en vue aujourd’hui. Devant le manque d’adhésion de la commune et, dans une moindre mesure, devant le refus du monde agricole, le projet a été mis au frigo. Cela nous vaut bien des soucis, avec notamment des zones devenues inconstructibles représentant un danger pour les vies humaines. D’autres ne sont bâtissables qu’avec des contraintes architecturales. En plus, les extensions prévues dans le nouveau plan de zones en plaine ne pourront pas entrer en vigueur avant cette sécurisation. Si nous tergiversons encore, combien de temps faudra t’il attendre avant de retrouver la quiétude qui était la nôtre avant de connaître les risques d’inondation? 15, 20, 30 ans? Les pertes économiques risquent d’être énormes.

Il est possible de changer partiellement la situation par des mesures anticipées qui supprimeraient le danger pour les vies humaines en rive droite. Il serait de nouveau permis de construire mais cela n’enlèverait pas les autres contraintes liées à la zone rouge. Nous ne pouvons pas accuser le canton de n’avoir rien fait puisque nous n’avons nous-mêmes pas appuyé la mesure prioritaire proposée, quitte à discuter de sa réalisation pratique. C’est un cas unique en Valais. N’importe laquelle des autres communes insisterait pour que se concrétise rapidement la sécurisation de son territoire. Au Grand Conseil, des députés hauts-valaisans ont déposé un postulat demandant qu’une expertise analyse entre autres la variante favorisant un approfondissement du fleuve plutôt que son élargissement. Sans attendre le résultat, au moment de voter un crédit complémentaire pour élargir le Rhône dans la région de Brigue, ces mêmes députés l’ont unanimement défendu, insistant pour que tout le Parlement les appuie. Logiquement, pas un seul parlementaire haut-valaisan n’a refusé le crédit pour un élargissement amenant la sécurité dans la région.

Nous aussi, à Fully, sachons défendre nos intérêts! Nous sommes enviés d’avoir été mis sur la liste des secteurs prioritaires. Elles sont nombreuses les autres communes qui ne demandent qu’à profiter des crédits que nous refusons. On peut discuter pendant des années sur la validité des cartes de dangers ou des projets proposés par le canton, cependant la seule manière de supprimer le danger et les contraintes qui vont avec, c’est de réaliser des mesures de protection.

Il est certes difficile dans un dossier comme celui-ci de concilier l’intérêt tout-à-fait légitime du monde agricole avec celui du reste de la population dont celui des nombreuses personnes qui vivent en plaine. Mais rester dans une logique de conflit empêche d’imaginer des solutions favorables aux 8’000 habitants de la commune. Pendant qu’ailleurs on étudie déjà comment faire du fleuve un élément intégré dans le territoire, à Fully on n’a même pas commencé à y réfléchir. Il faudra bien pourtant s’y mettre. Sans abandonner un mètre carré de plus que ce qui est nécessaire à la sécurité, comment le voulons-nous, notre Rhône? Avec des digues abruptes ou avec des espaces conviviaux? Un fleuve rempart ou Fully-plage comme l’a proposé la Société de développement? Un territoire ennemi ou un lieu de rencontre, de promenade et d’activités sportives? Pour le moment, les réponses importent peu, mais il s’agit d’organiser une réflexion, d’y associer la population et d’étudier la faisabilité des actions proposées.

Mais avant il faut se décider rapidement, décider de la sécurisation de notre territoire. Allons-y!